Quel sens donner à ma vie ? Quelle est ma contribution à ce monde ?

T'es-tu déjà demandé ce qui te motiverait à te lever le matin ? As-tu imaginé ce que tu regretterais de ne pas avoir vécu, une fois sur ton lit de mort ? Réfléchissons ensemble un instant à cela. Après tout, il est de notre responsabilité personnelle de nous épanouir et d'apporter notre pierre à l'édifice sociétal.

Cécile

6/2/20255 min read

Depuis quelques temps, je me demande sérieusement quelle est ma raison de vivre, ma mission de vie, ma manière de m'accomplir, ma place dans la société. Comme je suis un peu obsédée par ça, récemment, j'ai posé cette question en soirée : Et toi, qu'est-ce qui te motive à sauter du lit le matin ? On m'a répondu : "Je suis bien obligé de me lever pour aller au boulot quand le réveil sonne !" Bon, ce n'était pas vraiment la réponse que j'espérais. Cela m'a mis face au constat qu'on est plein à ne pas savoir répondre à cette question (ou qu'on préfère mieux ne pas se la poser), alors qu'elle est essentielle ! Serait-ce un effet de notre société capitaliste qui prône la course à la productivité et le refus de notre finitude ?

Les personnes qui ne s'épanouissent pas dans leur travail sont bien nombreuses. J'en compte un paquet dans mon entourage. Lors de sa visite à Madrid, mon amie parisienne Soso m'a dit qu'elle commençait le programme Chance : c'est un bilan de compétences financé par le CPF qui propose aux professionnels en perte de sens de prendre du temps pour se connaître et trouver leur place dans la société (envisager une réorientation, donc). C'est courageux : il n'est jamais facile d'entrer en introspection, tout remettre en question, quitte à recommencer à zéro. Et pourtant, c'est ce dont on a tous besoin pour donner un sens à notre vie. 

La réponse est en nous, mais clairement, ce n'est pas toujours limpide et ça prend du temps. Quand j'en parle à mon entourage, on me répond : "C'est l'histoire d'une vie". Qu'est-ce que ça sous-entendrait, en fait ? Qu'on n'est pas pressés car, de toute façon, on ne trouvera pas si tôt notre mission de vie ? Qu'on ne sera jamais vraiment heureux ou accompli ? Qu'il y aura toujours quelque chose qui cloche, alors autant faire avec ce qu'on a ? A la conversation existentielle que j'avais entamée en soirée, j'avais surenchéri à mon interlocuteur : "Tu as bien un rêve, non ?" Oui, il en avait un, mais il fallait d'abord travailler beaucoup, gagner de l'argent, être stable, et puis dans plusieurs décennie, il pourra y repenser. On pourrait alors me traiter d'idéaliste, mais je suis convaincue que maintenant, tout de suite, chacun peut s'épanouir. Qu'est-ce qu'on attend pour vivre, en fait ? De mourir ? Mais il sera trop tard !

Cela peut paraître un peu cynique ! Mais se confronter à la mort, ne serait-ce qu'en y pensant un peu, peut nous aider à répondre à la fameuse question : Qu'est-ce que je veux vraiment ? Parfois, lorsque je me sens un peu perdue, je m'imagine sur mon lit de mort, et je me demande ce que j'aurais regretté ne pas avoir vécu. Ce n'est pas moi qui ai inventé la méthode, c'est Viktor Frankl, l'inventeur de la logothérapie et auteur de Man’s Search for Meaning. Ce livre a su parler en moi : Frankl raconte, du point de vue du psychiatre, son expérience des camps de concentration et ce qui permet aux hommes de vivre. Au-delà du destin et d'une certaine chance, ceux qui survivaient étaient ceux qui avaient un objectif après les camps : un sens à poursuivre.

Face à la mort, on se demande alors : Qu'est-ce que je ne dois pas emporter dans ma tombe ? Un talent ? Un secret ? Une rancœur ? Un manque d'amour ? Un rêve ? Quelles activités me donnent la sensation de perdre ma vie car elles ne m'aident pas à m'accomplir ? Quelles personnes est-ce que je veux dans ma vie ? De quelles futilités est-ce que je veux me débarrasser ?

Il est impossible de parler de sens de la vie sans évoquer la philosophie japonaise de l'ikigai. Dans Ikigai, Le secret des japonais pour une vie longue et heureuse, les auteurs Héctor García et Francesc Miralles explorent notamment les secrets des centenaires : au-delà du fait d'avoir vécu un siècle, ils transmettent ce qui les motive à vivre et ce qui les maintient en vie. Sans surprise, ils dévoilent qu'on vit longtemps et bien quand on trouve un sens à sa vie. Ce n'est pas la première fois que j'évoque ce livre, alors je vous invite à (re)lire mon précédent article "La quête de sens nous rend-elle nombriliste ? Et même si j'ai déjà écrit à ce sujet, que je lis des ouvrages et que je réfléchis à la thématique, je ne parviens toujours pas à saisir parfaitement ce pour quoi je suis dans ce monde. Je sens que je m'en rapproche mais les contours sont encore flous. Et alors que je relis le titre de mon article, "Quelle est ma contribution à ce monde ?", je ne sais pas comment y répondre clairement et terminer mon écrit. Peut-on répondre à ces questions existentielles avec certitude ?

"Comment être sûrs de ce que nous sommes venus réaliser ?" J'ai aimé la piste de réflexion que nous livre Maud Ankaoua (autrice du célèbre Kilomètre zéro) dans son roman Plus jamais sans moi. A la page 285, le personnage répond ainsi : “Si quelque chose me fait souffrir, je vais me mettre en quête d’un sens, je vais aller à l’encontre de cette souffrance, que j’en sois conscient ou non. Je pourrais avoir envie de faire goûter cette recherche de sens aux autres et de les inspirer. Si nous avons souffert de certaines blessures, nous en sommes familiers, et donc experts. C’est ainsi que nous pouvons transmuter une blessure et lui redonner un sens positif.” Je me suis alors demandée : Quel manque est-ce que je ressens dans ma vie ? Sur quoi suis-je en train de travailler pour le combler ? Ai-je envie d'aider les autres à ce sujet ? Qu'est-ce que je mets en place pour transmettre et inspirer ? Et je pense y voir un peu plus clair… Et je vais continuer à investiguer.

En définitive, il est peut-être plus sage de ne pas vouloir de réponse nette et précise tout de suite. C'est sans doute cela qui nous fait dire communément que c'est la quête d'une vie. Une quête, ce n'est pas un objectif, c'est un chemin. Mais faisons en sorte de nous mettre en chemin le plus tôt possible ! Ma vie a du sens lorsque mon quotidien a du sens. Une vie pleine de sens, ce n'est pas seulement avoir une vision générale de ce qu'on veut apporter aux autres et à la société, c'est réaliser des actions concrètes au jour le jour qui contribuent vraiment à avancer en ce sens.

Pour finir, je dirais que la quête de sens est une responsabilité envers nous-mêmes mais aussi envers les autres. Une responsabilité envers nous-mêmes car c'est à nous de combler ce vide existentiel à bon escient (pas par le pouvoir, la richesse ou la gloire, car ça nous rendra perpétuellement insatisfaits, et donc on en souffrira). Une responsabilité envers les autres : “Il nous faut oser sortir de notre zone de confort pour laisser briller notre lumière et développer notre singularité. Un peu comme si chacun d’entre nous représentait un pixel sur une image. Tous ceux qui n’osent pas afficher leurs pixels participent au déséquilibre de l’image globale.” (Maud Ankaoua, Jamais sans moi, page 284). Et franchement, une société composée d'individus qui s'accomplissent dans leur vie personnelle et qui contribuent au monde avec sens, ça ne pourrait qu'être le feu, non ?