Peur du rejet - Il est temps d'être enfin soi-même 3/3

Dans l'article précédent, je cherchais à retrouver ma personnalité originelle, avant qu'elle ne soit influencée socialement. Mais j'ai dû me rendre à l'évidence que je me bridais aussi moi-même. Pourquoi ai-je peur d'être moi-même, et comment inverser la tendance ?

Cécile

4/30/20254 min read

Dans cette quête d'être moi-même, je suis passée par la frustration et la colère (constater qu'on m'empêche d'être libre), et puis par l'amour de soi (reconnecter avec qui je suis à l'origine). A présent, je comprends que ce cocktail d'émotions doit m'amener à m'ouvrir et me réconcilier avec l'autre. Comment m'octroyer à moi-même le droit d'être libre, malgré la peur de ne pas être acceptée par les autres ?

Réapprendre à être libre

Récemment, j’ai voulu tester ce que pouvait être la pratique d’une activité de lâcher-prise dans un cercle de personnes tolérantes. Je me suis donc rendue à un atelier de danse extatique : aucun pas imposés, simplement se laisser porter par la musique et l’écoute de notre corps, dans une démarche de groupe, pour atteindre une forme d'extase. J'ai alors remarqué que cette absence de repères, de cadre et de limites m'a un peu effrayée. Alors que je n’étais pas encore dans la salle, j’ai senti une petite angoisse. J’ai demandé aux organisateurs à l'entrée : “Qu'est-ce que je dois faire, en fait ?” Ils m’ont répondu que rien n’était obligé. Ça commencera pas une petite introduction guidée, puis on sera libre de nos mouvements. J’ai répliqué instinctivement : “Ouf, si c’est guidé, au moins au début !” Ils ont souri.

Alors oui, dès qu'on murmure le mot "improvisation", je tremble. En effet, suivre des pas ou des consignes, c'est rassurant. Et pourtant, j'y ai déjà été confrontée à l'improvisation, à la danse ou au théâtre ; je ne devrais pas être novice en la matière. Mais certainement pas assez. En étant davantage encouragés pendant notre éducation à nous exprimer librement, à créer ou à penser par nous-mêmes, ce ne serait sans doute pas aussi difficile à l'âge adulte. La liberté s'apprendrait-elle ? Si la liberté se travaille, que pourrais-je donc faire pour réapprendre à être moi-même ?

Se confronter au fait que la peur du rejet n'est pas fondée

  • Evoluer dans des cercles de personnes respectueuses : en se rendant compte qu'on est accepté·e pour qui on est, on a moins peur d'être soi-même. 

Lors de cet atelier de danse extatique, je suis parvenue par moments à me connecter à moi-même, à ressentir mon énergie, à mes envies et à laisser la musique me guider librement. Parfois, ma raison refaisait surface : j’ouvrais les yeux et je regardais ce que faisaient les autres autour de moi, comme pour vérifier que je n’étais pas à côté de la plaque. Cette tendance qu’on peut avoir à imiter et ne pas se faire confiance… Et même si j'avais été à côté de la plaque ? On ne m'aurait pas jetée du cours pour autant. Au contraire, celles ou ceux qui se font remarquer en laissant s'exprimer leur individualité sont admirables. Il faut donc fréquenter des cercles dans lesquels notre singularité et notre épanouissement sont valorisés et non perçus comme une source de jalousie ou de peur face au changement.

  • Observer des personnes libres pour comprendre pourquoi on ne fait pas l'unanimité en étant soi-même.

Je suis consciente du fait qu'acquérir de la confiance en moi et dégager cette énergie autour de moi va attirer de très bonnes choses : de belles connexions, l’amour, l’amitié, le succès, l’épanouissement… Et en même temps, j’ai aussi très peur de ce que ça peut m’attirer de négatif : me faire des ennemis, qu’on me jalouse, pas mettre tout le monde d’accord… La peur d'être rejetée par certaines personnes prend le pied sur mon désir de liberté. Oups, problème.

Toujours lors de l'atelier de danse extatique, mon regard a été immédiatement attirée par une jeune fille. Dès son entrée dans la salle, elle était souriante, solaire, confiante, aimée et entourée de son copain… Je me suis dit que moi aussi, j'aimerais être comme elle. Au fond, j'ai ressenti une forme de jalousie. On ne remarque qu'elle et en plus, ça ne lui pose aucun problème ! J'ai compris à cet instant que tant que je n’aurais pas acquis tout cela, moi aussi, je serais envieuse et animée par un sentiment négatif face à ce genre de personnes. Et je n'ai absolument pas envie de ça !

D'un coup, mon regard s'est inversé. La personne qui envie, qui regarde mal, au lieu de se réjouir du bonheur des autres, c’est moi. Je serais donc cette personne qui détesterait les gens libres ? Quel comble… Alors, c'est le déclic : ne pas faire l'unanimité ou être rejetée, ce n'est pas lié à ma personne, mais au mal-être de l'autre. C'est tout ce mal qu'on peut faire par jalousie, quand il nous est trop difficile de supporter la réussite de l'autre puisqu'elle nous renvoie à nos propres échecs. 

  • Porter sur les autres ce regard tolérant et empathique qu'on attend que les autres portent sur nous.

D'une part, il nous faut donc parvenir à distinguer l'épanouissement de l'autre de notre propre épanouissement. L'un n'empêche pas l'autre ! C'est une pensée que j'ai développée ces dernières années en acceptant ma créativité. Lorsque j'étais frustrée car je n'arrivais à créer, je pouvais envier les personnes qui lançaient leurs projets. Mais aujourd'hui, ma réaction est saine : je ne jalouse plus, puisque moi aussi, je lance mes projets. Au contraire, je connais la délivrance qu'on peut ressentir et je suis donc heureuse pour ces personnes. Et si quelqu'un parvient à faire quelque chose de remarquable à mes yeux, je tâche de ressentir une émotion positive : je m'en inspire. 

D'autre part, si quelqu'un venait à critiquer mes projets de manière plutôt gratuite, j'essaierai de faire preuve d'empathie envers cette personne : elle est certainement blessée. Je sais ce que ça fait de souffrir parce qu'on ne parvient pas à être soi-même. 

Ainsi, il est possible que briller m'attire quelques envieux·ses, mais surtout beaucoup d'amour. La clé résiderait donc dans le fait de tendre vers l’expression de qui nous sommes avec sincérité, tout en cultivant l’empathie

Ces réflexions m'ont menées à la conclusion que pour être soi-même, il faut à la fois désirer s'épanouir et souhaiter l'épanouissement des autres. Tout réparer grâce à l'amour.